De la Wicca au Technopaganisme
« Avant que le temps n’existe, il y avait l’Un ; l’Un était tout et tout était l’Un.
Et la vaste étendue qui porte le nom d’univers était l’Un, omniscient, omniprésent, tout puissant, éternellement changeant.
Et l’espace entra en mouvement. L’Un modela l’énergie en formes jumelles, égales, mais opposées, tirant et façonnant la Déesse et le Dieu de l’Un.
La Déesse et le Dieu s’étirèrent et remercièrent l’Un, mais ils étaient entourés de ténèbres. A part l’Un, ils étaient seuls et isolés.
Alors ils transformèrent l’énergie en gaz et les gaz en soleils, en lunes et en planètes. Ils parsemèrent l’univers de sphères tournantes, et toute chose reçut sa forme des mains de la Déesse et du Dieu.
La lumière parut et le ciel fut illuminé par un milliard de soleils. Satisfaits de leur Œuvre, la Déesse et le Dieu se réjouirent, s’aimèrent et ne firent qu’un.
De leur union jaillirent les semences de toute vie et de la race humaine, afin que nous puissions nous incarner sur la terre.
La Déesse prit la lune pour emblème et le Dieu choisit le soleil pour le représenter, afin que tous les habitants de la terre puissent se souvenir de leurs auteurs.
Tous naissent, vivent, meurent, et renaissent sous le soleil et la lune ; tout vient à passer sous le soleil et la lune, et tout se produit avec la bénédiction de l’Un, ainsi qu’il en était avant que le temps n’existe. »
La Wicca fait partie des nouvelles spiritualités en pleine expansion. Celles-ci se déclinent en plusieurs croyances : le panthéisme, le monisme, le polythéisme et le paganisme.
Panthéisme : Tout est divin. L’esprit, la force, l’énergie ou la divinité remplit toutes choses et donne à la nature sa vie spirituelle.
Monisme : Tout est un. Puisque tout est divin, toutes choses sont reliées entre elles. C’est à nous de les réunir dans la réalité des faits par un mouvement de globalisation.
Polythéisme : Il y a plusieurs dieux. Tout peut être sacralisé et adoré : la terre, le soleil, les arbres, les aigles, nous-mêmes, etc.
Paganisme : Religion polythéiste où l’on pratique toutes les formes de célébrations et de rituels magiques pour communiquer avec les forces spirituelles de la nature. Dans les tribus du monde entier, des chamans, des guérisseurs, des voyants et des sorciers contactent le monde des esprits en utilisant d’anciens rituels et des formules magiques.
Néopaganisme : C’est l’ancienne religion païenne occidentalisée et modernisée. A différencier de sa récupération par les Nazis dans les années 1930, ce réveil du paganisme vient du romantisme des années 1960. Il essaye de syncrétiser toutes les formes de spiritualités non-monothéistes. Pour le néopaganisme, toute personne peut communiquer avec le monde des esprits, manipuler des forces spirituelles et créer une paix mondiale et une unité d’esprit autour de l’énergie cosmique.
La Wicca appartient donc au néopaganisme et a séduit de nombreux occidentaux. Comme dans beaucoup de mouvements religieux néo-païens, les wiccans vénèrent le sacré immanent dans la Nature, et s’inspirent beaucoup des traditions spirituelles non chrétiennes et préchrétiennes d’Europe. Le terme «néo-païen» signifie simplement «nouveau paganisme» (du latin «paganus», paysan), et fait référence aux temps qui ont précédé l’avènement des grandes religions monothéistes d’aujourd’hui. La Wicca est un mélange de traditions païennes d’Europe et d’occultisme des XIXeme et XXeme siècles. Son fonctionnement actuel a sûrement été défini dans les années 1940. Ce point fait toutefois l’objet d’un débat interne et externe considérable. Le sujet le plus souvent débattu est le nombre exact de traditions provenant des traditions anciennes, et dans quelle mesure la Wicca peut être considérée comme une religion moderne. Il existe plusieurs traditions dans la Wicca, et certaines d’entre elles ont engendré d’autres « confessions » ou sortes de Wicca. En général, toutefois, elle peut être définie par quelques préceptes. C’est une religion qui ne possède pas de dogmes précis sinon la non-violence et le respect d’autrui. Ainsi, chaque wiccan a ajouté sa pierre à l’édifice à travers le temps et les âges et ainsi n’a eu de cesse de changer et d’évoluer. Elle met l’accent, entre autres, sur la réincarnation; la magie; les rites de la pleine lune ; les phénomènes astronomiques et agricoles ; les temples sphéroïdaux créés par projection du pouvoir personnel et où se tiennent les rituels.
Un élément important de la Wicca est le principe de dualité entre le masculin et le féminin, symbolisé par les divinités, mais également l’acceptation de la part de lumière et de la part d’ombre des divinités. Le prosélytisme est interdit dans la Wicca, celui qui vient à elle doit y venir par lui-même, seul la direction à suivre peut lui être indiqué. Elle est reconnue au même titre que les grandes religions monothéistes dans des pays comme le Canada, États-Unis, Islande et commence à se faire accepter petit à petit en Europe.
Le sens du terme
Le terme Wicca est un néologisme créé par le Britannique, Gerald Brousseau Gardner (1884-1964), qui affirmait qu’il voulait dire sorcellerie en vieil anglais. Cela n’est pas tout a fait vrai, puisque sorcellerie en anglais ancien se dit Wiccacraeft. Wicca est le masculin de sorcier (le féminin étant wicce et le pluriel wiccan). Ces mots dérivent du verbe wiccian qui signifie ensorceler, pratiquer la magie.
Pour Gardner, Wicca avait pour sens, à l’origine, « l’art des sages ». Sa thèse s’appuyait sur les travaux de l’ethnologue Margaret Murray qui écrivit l’entrée sur la sorcellerie dans l’édition de 1929 de l’Encyclopædia Britannica, où elle précise : « La signification du terme sorcière (witch) est liée à celle du mot savoir (wit) ». Elle peut être renforcée par l’analyse du mot wizard (étymologiquement « celui qui sait »), qui signifie lui aussi le sorcier et qui tire son origine du bas anglais wys/wis qui veut dire « sage », de la même racine que le mot allemand, « wissen » signifiant « savoir ».
Les origines
La Wicca s’inscrit dans la mouvance européenne du néo paganisme de la première moitié du XXeme siècle. Elle consiste en un syncrétisme popularisé par un fonctionnaire britannique à la retraite, Gérald Gardner, dans deux livres : Witchcraft Today, publié en 1954 et The Meaning of Witchcraft en 1959. Si Gardner à bien popularisé la Wicca dans les années 1950, ces origines ne se situent pas dans la découverte d’une ancienne religion, bien antérieure au Christianisme, où était adorée la Déesse primordiale. Cette « Ancienne Religion », est censée avoir secrètement survécu à travers les siècles grâce à des rites secrets, malgré la domination Chrétienne qui considère la pratique comme de la Sorcellerie ou la voie du Diable. Gardner a déclaré avoir été initié par le coven : New Forest Coven en 1939. En fait, les origines de ce mouvement sont a rapprocher d’un mouvement de jeunesse anglo-saxon tout à fait particulier : le Woodcraft. L’origine de celui-ci remonte a la fin du XIXeme siècle, aux U.S.A. L’écrivain Ernest Thompson Seton (1860-1946) avait fait l’acquisition, dans le Connecticut, d’une grande propriété qu’il avait fait enclore pour la transformer en une réserve naturelle. Cela avait privé les enfants du village proche d’un de leurs lieux de jeu et ils s’étaient vengés par diverses déprédations répétées. Pour faire cesser celles-ci, Seton eut l’idée d’inviter les enfants à venir passer un week-end chez lui. Il fit aménager pour cette occasion un véritable village d’Indiens où lui et les enfants passèrent deux journées à jouer aux Peaux-Rouges… L’ensemble fut si plaisant qu’il en résulta immédiatement la création du premier groupe de Woodcraft Indians. Seton lança, peu de temps après, l’idée de Woodcraft tribes en publiant de nombreux articles et trois livres (The Birch Bark Roll, The Book of Woodcraft et Two Little Sauvages). En 1910, la Woodcraft League of America comptait déjà deux cent mille membres ! Les Woodcraft tribes se réunissaient à l’intérieur d’un cercle rituel, aux quatre points cardinaux duquel étaient disposés des luminaires, des marques de couleurs et des symboles. Au centre du cercle brûlait un feu. La figure mythologique principale du mouvement était le « Dieu rouge » représenté parfois sous la forme d’une tête de bison, parfois sous celle d’une figure humaine cornue. Les réunions étaient ouvertes par des salutations effectuées par le «chef de la tribu» aux esprits des quatre points cardinaux, au Dieu rouge et la Terre Mère, ensuite le cercle sacré était tracé pour tenir éloignés les mauvais esprits. Les membres les plus avancés de la Woodcrafi League pouvait accéder aux Red Lodges ou Sun Lodges « axées sur les aspects mystiques du Woodcraft ». Même si les rituels de ces loges n’ont jamais été publiés, on sait qu’ils comportaient trois degrés d’initiation, et qu’ils mélangeaient des références aux traditions des Amérindiens avec des éléments issus des loges maçonniques ou para-maçonniques. La Woodcraft League s’implanta en Grande-Bretagne à l’occasion de deux crises dans le mouvement scout de ce pays. En 1916, la famille Westlake rompit avec le scoutisme et fonda l’Order of Woodcraft Chivalry qui établit son siège dans la New Forest. Cet Ordre se dota rapidement d’une Sun Lodge décrite comme « L’Église du mouvement ». L’Order of Woodcraft Chivalry avait une inclination païenne prononcée et se réclamait des travaux de Jane Harrison sur les mythes et la religion grecque. Dans une brochure de l’Ordre, Westlake écrivit ainsi : « Le côté religieux de l’Ordre est une application des travaux de mademoiselle Harrison ». En 1920, John Hargrave, un dirigeant national des scouts britanniques, les quitta à la tête de trois cents dissidents et fonda les Kindred of Kibbo Kift. Ceux-ci s’installèrent aussi dans la New Forest et se dotèrent eux aussi d’une Lodge of initiation basée sur l’exemple de la Sun Lodge de Seton. Si Seton avait pris pour guide les pratiques religieuses amérindiennes, les Westlake et Hargrave s’inspirèrent, eux, des anciennes croyances britanniques. Les Kindred of Kibbo Kift eurent des liens avérés avec Philip Ross Nichols, le fondateur de l’ Order of Bards, Ovates and Druids (O.B.O.D.), qui était un naturiste, un martiniste et un diacre de l’Église Celtique. Le cercle des amis de Nichols comprenait Michael Houghton, le propriétaire d’Atlantis Bookshop, et Vera Chapman, un membre féminin des Kibbo Kift qui devint, par la suite, un des trois dirigeants de l’O.B.O.D. Houghton était aussi un ami de John Hargrave et il publia de nombreux articles du chef des Kindred of Kibbo Kift dans le magazine édité par sa librairie. Un autre ami de Nichols est pour nous d’une grande importance. Il s’agit d’un naturiste, d’un membre du Cercle des amis d’Atlantis Bookshop, d’un individu intéressé par la magie cérémonielle, d’une personne qui passa beaucoup de temps à la fin des années trente dans la New Forest et qui était membre de la branche adulte de Order of Woodcraft Chivalry. Il s’agit de Gerald Gardner…
Ainsi a-t-on trouvé l’origine des diverses pratiques rituelles de la Wicca qui ne sont pas issues de l’occultisme traditionnel. Les réunions nocturnes dans les bois autour de bûchers, la nudité rituelle, le mélange de concepts celtiques et saxons, l’importance de l’énergie de la nature… tout cela la Wicca le doit à Ernest Thompson Seton via l’Order of Woodcraft Chivalry et les Kindred of Kibbo. D’abord confinée à un cercle restreint, la Wicca s’est progressivement développée dans les pays anglo-saxons où elle constitue la principale forme de néo paganisme. Le mouvement se développe pendant la Seconde Guerre Mondiale et se popularise dans les années 50 surtout dans les pays Anglo-saxons. Diffusée par les milieux féministes américains dans le contexte général de la contreculture des années 70 elle s’est progressivement transformée et diversifiée, acquérant une dimension écologiste qu’elle n’avait pas au départ. Parallèlement aux structures initiatiques issues de la lignée de Gardner ou d’Alex Sanders, s’est créée une Wicca éclectique dont les membres pratiquent en dehors de toute initiation formelle. Leurs croyances et pratiques divergent considérablement suivant les individus et la frontière entre la Wicca proprement dite et les autres formes de néo paganisme sont souvent floues. Avec le temps, cette religion libre évolue et développe différents courants.
Organisation et gestion du clergé
La Wicca n’a aucune autorité principale ni structure centralisée.
La structure interne et l’importance en nombre de chaque groupe wiccan ou couvent sont variables.
Certaines traditions particulières de la Wicca peuvent définir un rôle de dirigeant pour le groupe alors que d’autres n’ont aucun concept particulier.
Le grand prêtre et/ou la grande prêtresse dirige les réunions.
Le grand prêtre et/ou la grande prêtresse est ordonné(e) et cela peut prendre plusieurs années.
Textes sacrés
Charge of the Goddess : ce texte parfois utilisé par les adeptes de la Wicca aborde la nature de la déesse.
Legend of the Descent of the Goddess : ce texte traite de l’équilibre et de l’interaction entre la vie et la mort; on ne l’utilise pas aussi souvent que Charge of the Goddess.
On peut faire référence à d’autres œuvres classiques, par exemple, le Livre des morts égyptien ou des œuvres écrites par des Grecs ou des Romains et par des philosophes de l’Antiquité.
Book of Shadows : Le Livre des Ombres, ouvrage de référence de la Wicca gardnérienne fut écrit à l’origine par Gérald Gardner, il fut partiellement réécrit par Doreen Valiente (née le 4 janvier 1922 dans le Mitcham dans le nord de Londres, sous le nom de Doreen Edith Dominy) soit à la demande de Gardner, soit de sa propre initiative après le décès de l’auteur initial. Chaque wiccan possède théoriquement son propre livre des ombres. On utilise le Book of Shadows afin d’y consigner des sorts, des recettes, des pensées, des rêves, des expériences, les détails de rituels et d’autres éléments qui peuvent être utiles pour soi. Par conséquent, chaque Book of Shadows est unique et personnel. Les renseignements qui y sont contenus peuvent être partagés, et les éléments d’un Book of Shadow personnel peuvent être utilisés afin d’adopter une nouvelle tradition de la Wicca.
La théologie
Dans la Wicca, on honore plusieurs dieux et déesses. Certains adeptes peuvent qualifier la religion de panthéiste en ce sens que ses dieux et déesses se manifestent dans des éléments de la nature et en font partie.
La plupart des wiccans croient, en la Déesse Mère et son mâle le Dieu Cornu. Cette déesse, associée à la lune, est reconnue sous les noms des divinités de l’Antiquité : Aphrodite, Artémis, Astarté, Diane, Cybèle, Gaïa, Isis, Kali, Vénus, etc… Le Dieu Cornu, lui, est associé au soleil et correspond aux dieux Adonis, Amon-Râ, Apollon, Baphomet, Eros, Hadès, Horus, Lucifer, Odin, Osiris, Pan, Thor, etc…
Pour un wiccan toute vie est sacrée car étant un des nombreux aspects des divinités, en effet la Déesse et le Dieu sont présents en toutes choses et incarnent le principe masculin et le principe féminin étant à la base de toute création.
Certains wiccans croient que les dieux et les déesses sont simplement différentes manifestations d’un seul dieu et d’une seule déesse qui, ensemble, constituent l’essence du monde naturel. En général, on accorde la même importance aux dieux et aux déesses.
Certains wiccans croient que ces dieux sont réels, mais la plupart considèrent qu’ils sont la personnification dualiste de l’énergie vitale, la représentation du bien et du mal, de la lumière et des ténèbres, du Yin et du Yang. Certains wiccans croient aussi en l’influence d’esprits médiateurs, sous la forme de guides ou d’anges gardiens.
La philosophie
Le principe fondamental de la foi wiccane est la force, ou énergie vitale. Celle-ci est liée à l’animisme qui voit en toute chose une force intérieure que l’on peut recevoir ou manipuler.
Le code de moralité s’articule autour du Rede wiccan « Si cela ne fait de mal à personne, fais comme bon te semble » : cela signifie qu’un wiccan devrait réfléchir avant d’agir et examiner les conséquences pour les autres. C’est autour de cette loi que toutes les règles qui suivent se déclinent.
- Loi de l’analogie : Le bien attire le bien, et le mal attire le mal.
- Loi de l’empreinte : Tout ce qui nous entoure est imprégné de nos pensées, paroles, actes.
- Loi de la récolte ou loi du triple retour : La Threefold Law : « Ce que tu envoies te sera redonné en triple » : un geste rapportera en triple à celui ou à celle qui le pose les bons ou les mauvais karmas, selon que le geste est positif ou négatif.
Les treize buts de la Wicca :
01. Connais-toi toi -même
02. Connais ton art
03. Apprends
04. Applique ton savoir avec sagesse
05. Atteint l’équilibre
06. Contrôle tes paroles
07. Contrôle tes pensées
08. Célèbre la vie
09. Harmonise-toi aux cycles de la terre
10. Respire et mange sainement
11. Exerce ton corps
12. Médite
13. Honore la Déesse et Le Dieu Cornu
Les wiccans s’appuient sur le principe de tolérance, sur le respect de la nature. La Wicca se revendique art de vivre en harmonie avec son environnement, prônant le respect de l’autre ainsi qu’une démarche de partage avec celui-ci.
La tolérance absolue est un principe de la Wicca. Toute croyance est aussi bonne qu’une autre, il n’y a pas de vérité absolue. Cela est lié au panthéisme. Mais cette tolérance s’arrête à la foi monothéiste. Le très sérieux Conseil des Sorcières Américaines exprime sa désapprobation dans ses Principes de la Foi wiccane : « Notre animosité envers le Christianisme ou toute autre religion ou philosophie ne s’exprime que lorsque ces institutions se présentent comme étant « le seul chemin » et privent les autres croyants d’exercer leur culte autrement ».
Tout ce qui fait partie du cycle de la vie doit être célébré. La Wicca est une religion où la Nature à toute son importance. C’est pourquoi, de nombreuses fêtes sont là pour célébrer les différents rythmes de la vie. Par ailleurs, les wiccans croient en l’existence de la magie, considérée comme « énergie cosmique » présente en chacun de nous et en chaque objet.
Les croyances
Les croyances wiccanes sont multiples, polymorphes et peuvent varier considérablement selon les individus. On trouve néanmoins quelques thèmes dominants :
• L’existence de polarité. La Wicca postule que notre monde et notre conscience universelle sont bipolaires (féminin / masculin).
• Les dieux païens invoqués lors des cérémonies wiccanes sont empruntés des différentes mythologies, il n’y a pas de panthéon propre à la Wicca. Ces différentes divinités seraient des aspects de la Déesse et du Dieu, eux-mêmes partie intégrante d’une réalité plus vaste et intangible qu’ils appellent l’Un, le Divin ou l’Incréé ou l’Univers. L’humain lui même ferait partie de cette globalité.
• La Magie naturelle dont la dénomination ne semble pas faire consensus : elle s’effectuerait comme la modification des énergies subtiles. La magie peut aussi être dispensée par les entités divines.
• Les symboles porteraient en eux une énergie proche des archétypes. Les wiccans dédient une énergie spéciale aux couleurs, pierres précieuses, herbes, encens, et par extension : potions, rituels, amulettes, etc.
• Une énergie subtile provenant de mondes subtils : plan éthérique, astral, etc. Selon les théories wiccanes, le corps serait le siège de l’âme, corps subtil.
• La croyance dans les éléments : le feu, l’eau, la terre, l’air, et l’esprit. Ces éléments sont ressentis comme ayant des propriétés mâles ou femelles, passives ou dominantes, positive ou négatives, etc.
• La réincarnation : les wiccans croient en la réincarnation. Certains adoptent une mythologie druidique nordique ou autre (The Summerland (en), Tír na nÓg, Sidh, Walhalla, etc.) pour évoquer l’après mort. Ces lieux seraient des lieux de repos, avant de passer à une autre incarnation. Certains croient que le temps entre deux vies se déroule dans un endroit appelé Summerland pour continuer à apprendre les leçons de la vie. Il revient alors sur terre pour continuer à apprendre les leçons de la vie matérielle, que la seule vie spirituelle ne permet pas d’atteindre. De cette façon l’âme évolue et s’élève. Étant donné que les traditions de la Wicca sont également influencées par d’autres traditions, telles les anciennes traditions nordiques et celtiques, ainsi que celles du bouddhisme et de l’hindouisme, la vision de la vie après la mort de chaque groupe est influencée par celle dont celui-ci tire ses racines.
Les wiccans font parfois appel à des disciplines magiques et des techniques naturelles diverses comme :
• Les rituels magiques.
• L’invocation de divinités païennes.
• La voyance.
• La lithothérapie.
• La phytothérapie.
• Le Reiki.
La magie
Les wiccans font preuve de dévotion religieuse en assistant à des réunions avec leur couvent, en pratiquant des rituels de groupe et de la magie. Au sens wiccan, la magie est une forme de prière que les adeptes utilisent afin de demander aux dieux et aux déesses de la nature de leur accorder le pouvoir de faire quelque chose en particulier. Les wiccans croient que le recours à la magie augmentera les chances de réussite d’une action qui sera ou qui a déjà été entreprise avec ou sans intervention divine. Ces pratiques se déroulent la plupart du temps dans un état altéré de conscience par le yoga, la méditation, l’hypnose, les châtiments corporels ou même par l’utilisation de drogues. L’expérience suprême dans la Wicca est ce sentiment « d’être UN avec toutes choses ».
Les wiccans affirment que si l’on utilise la magie pour faire le bien, elle n’est pas maléfique. Pour certains d’entre eux, même, la magie n’a rien de spirituel mais est l’utilisation de puissances psychiques insoupçonnées jusque-là. Il est en effet possible que certains phénomènes soient dus à la supercherie, à de l’autohypnose ou à la psychosomatisation.
La sorcellerie
Les promoteurs de la foi wiccane ont cherché des origines antiques à leurs croyances. L’anthropologue et égyptologue Margaret Murray (1863-1963) affirmait dans ses écrits que la sorcellerie était la religion principale de l’Europe avant le Christianisme et qu’elle s’est perpétuée, en cachette, après l’avènement du Christ. La Wicca ne serait donc qu’une résurgence de la plus ancienne religion d’Europe. Sa thèse a été reprise en Angleterre par Gerald Gardner, et aux Etats-Unis par Miriam Simos, alias Starhawk, auteur en 1979 d’un livre influent The Spiral Dance: A Rebirth of the Ancient Religion of the Great Goddess (La dance spirale: renaissance de l’ancienne religion de la Grande Déesse). Elle y explique que la sorcellerie est « peut-être la plus ancienne religion de l’ouest » et qu’elle commença « il y a plus de 3500 ans » pendant l’ère glaciaire.
Les faits historiques ne corroborent pas cette thèse, car la sorcellerie moderne est très différente de son homologue médiéval. Bien que la magie ait été présente de tout temps dans la société, elle n’a pas constitué une religion à part entière comme le prétendent aujourd’hui les fondateurs de la Wicca. Les traditions agriculture/fertilité qui ont traversé les siècles étaient fondées sur la superstition mais ne se pratiquaient pas du tout comme la nouvelle spiritualité. Surtout, la fameuse Déesse Mère n’était pas au centre des rites anciens.
Gerald Gardner contribua le plus à populariser la sorcellerie moderne. On peut même considérer qu’il en est « l’inventeur ». A partir de ses connaissances des livres de magie, de ses voyages, de ses expériences occultes et de la théorie historique de Murray, Gardner créa sa propre religion. Membre de la Franc-maçonnerie, de la Rose-Croix, de l’Ordre des Templiers d’Orient, il pouvait combiner son savoir plus que tout autre. Il basa la nouvelle sorcellerie sur la Déesse Mère et y ajouta un élément qu’il avait ramené d’Asie, la Réincarnation. Au départ, Gardner voulait ressusciter la sorcellerie du passé, mais il finit par en créer une nouvelle.
L’historien Hutton démolit l’idée que les anciennes coutumes païennes existaient avant le Moyen-âge. Mis à part quelques traditions, aucune pratique – encore moins la vénération de divinités – n’a survécu à l’Antiquité. Il démontre en outre que les rites de fertilité liés aux saisons (comme la danse de Maypole), que l’on attribue à un passé immémorial, ne sont pas plus anciens que le Moyen-âge.
Hutton souligne le manque d’évidences montrant que les celtes et les autres cultures païennes aient célébré « les Huit Fêtes de la Roue », centrales dans le culte wiccan. « On a retrouvé aucune fête païenne qui soit l’ancêtre de Easter, la fête que les païens modernes célèbrent à Ostara lors de l’équinoxe du Printemps ».
Les rituels
La Wicca est une religion mystique, ce qui signifie que la foi individuelle est influencée par des expériences religieuses qui inculquent une connaissance ou des vérités religieuses de façons ne pouvant être entièrement comprises par celui ou celle qui les reçoit. Le terme « mystique » suppose également qu’on y pratique des rites secrets qui peuvent apporter un état de sérénité personnelle. Les rituels secrets et les serments prêtés peuvent approfondir la compréhension spirituelle des wiccans et font partie intégrante de leur tradition.
En général, les wiccans préfèrent célébrer le culte dehors, mais peuvent utiliser un endroit désigné à l’intérieur, que l’on appelle temple, afin de former le cercle et de se réunir pour des cours. À l’extérieur, l’espace réservé au culte peut être différent chaque fois. Ainsi, lors de chaque réunion de wiccans, on consacre le cercle en suivant le processus susmentionné, et il devient le lieu de culte. Le terrain peut être situé dans une forêt, sur un terrain de camping, dans un parc ou sur des terres privées.
Les wiccans peuvent porter un talisman sacré, en général, il s’agit d’un pentagramme.
Chaque couvent peut avoir son propre symbole ou talisman qui ne doit être touché par personne d’autre que son détenteur, qui ne doit jamais l’enlever.
Pendant le culte, on peut porter une robe et une ceinture de corde tressée.
Les wiccans évitent en général les couleurs vives au moment du culte.
Certains couvents peuvent choisir de célébrer le culte dans la nudité.
Les Sabbats et les Esbats
Les sabbats parlent à leur façon de la Déesse et du Dieu, des rapports qu’ils ont entre eux et des effets qu’ils produisent sur la fertilité de la terre. Ces mythes présentent plusieurs variations, mais en voici un, assez universel, entremêlé de descriptions des différents sabbats.
La Déesse donne naissance à un fils, le Dieu, au moment de Yule (Le 21 décembre). Le solstice d’hiver est considéré depuis fort longtemps comme un temps de naissances divines. On dit que Mithra est né à cette période. Les chrétiens l’adoptèrent pour leur usage en l’an 273. Puisque le Dieu correspond au soleil, Yule souligne le moment de l’année où le soleil renaît lui aussi. Par conséquent, il est d’usage, dans la Wicca, d’allumer des feux ou des chandelles pour accueillir le retour de la lumière solaire. Plongée dans le sommeil pendant l’hiver de l’enfantement, la Déesse récupère après l’accouchement.
Imbolc (Le 2 février) souligne le rétablissement de la Déesse après que celle-ci eut donné naissance au Dieu. L’allongement des jours la tire de son sommeil. Le Dieu est un jeune garçon robuste, mais son pouvoir se fait sentir pendant les jours les plus longs. La chaleur fertilise la terre (la Déesse) et fait germer les graines. Dès lors, le printemps fait son apparition. Sabbat de purification après la réclusion de l’hiver, grâce au pouvoir régénérateur du soleil, Imbolc est également une célébration de la lumière et de la fertilité, jadis soulignée en Europe par des brasiers, des flambeaux et le feu sous toutes ses formes. Le feu représente ici aussi bien notre illumination et notre inspiration personnelles que la lumière et la chaleur.
Ostara, l’équinoxe du printemps (Le 21 mars), portant aussi les noms de printemps, rites du printemps et jour d’Eostre, marque le premier jour du véritable printemps. Les énergies de la nature passent subtilement de la léthargie hivernale à l’exubérance printanière. Sortant précipitamment de son sommeil, la Déesse enveloppe la terre de fertilité, pendant que le Dieu se développe et gagne en maturité. Il parcourt les champs verdoyants et se réjouit de la luxuriance de la nature. Le jour d’Ostara, la nuit et le jour ont une durée égale. La lumière l’emporte sur les ténèbres ; la Déesse et le Dieu poussent les animaux sauvages à se reproduire.
À la Beltane (Le 30 avril), le jeune Dieu atteint l’âge d’homme. Exalté par les énergies à l’œuvre dans la nature, il désire la Déesse. On célèbre le jour de l’union du dieu Soleil et de la déesse Terre qui a produit une récolte fructueuse. La Déesse devient enceinte du Dieu. Les wiccans célèbrent le symbole de sa fertilité par un rituel. Les fleurs et la verdure représentent la Déesse alors que l’arbre de mai symbolise le Dieu. Beltane indique le retour de la vitalité, de la passion et des espoirs réalisés.
Le solstice d’été (Le 21 juin), auquel on donne aussi le nom de Litha, se produit lorsque la nature est à l’apogée de sa puissance. La terre nage dans la fertilité de la Déesse et du Dieu. On allumait jadis des feux de joie pour favoriser la fertilité, la purification, la santé et l’amour. Encore une fois, le feu représente le soleil, que l’on fête en cette période des jours les plus longs.
Lammas (Le 2 août) correspond à la première récolte, lorsque les plantes printanières se fanent et laissent tomber leurs fruits ou leurs graines pour notre usage et pour assurer les récoltes futures. Allégoriquement, les forces du Dieu décroissent aussi alors que le soleil se lève toujours plus au sud chaque jour et que les nuits rallongent. La Déesse demeure, avec une tristesse mêlée de joie, consciente que le Dieu est mourant et que pourtant il vit toujours en elle, dans l’enfant qu’elle porte.
Mabon, l’équinoxe d’automne (Le 21 septembre), marque l’achèvement des récoltes commencées à la Lughnasadh. Une fois de plus, les jours et les nuits sont égaux, en état d’équilibre, alors que le Dieu se prépare à quitter son corps physique et à entreprendre la grande aventure dans l’invisible, pour se régénérer et renaître de la Déesse.
Lors de la fête de Samhain (Le 31 octobre), les wiccans font leurs adieux au Dieu. Mais il s’agit d’un au revoir. Le Dieu n’est pas enveloppé des ténèbres éternelles; il se prépare à naître de nouveau de la Déesse à Yule. Samhain est un temps pour réfléchir, pour revenir sur l’année qui vient de s’écouler, pour accepter un phénomène de la vie qui échappe à notre contrôle de la mort. On rend hommage à l’esprit des personnes décédées au cours de la dernière année en offrant un repas auquel elles sont conviées.
Tout cela est mystérieux, bien sûr. Pourquoi le Dieu est-il le fils, puis l’amant de la Déesse ? Il ne s’agit pas d’inceste, mais de symbolisme. Dans ce récit paysan, l’incessante fertilité de la terre est représentée par la Déesse et le Dieu. Ce mythe traite des mystères de la naissance, de la mort et de la renaissance. Il célèbre les aspects merveilleux et les effets admirables de l’amour et rend hommage aux femmes qui perpétuent notre espèce. Il fait ressortir la dépendance réelle des humains vis-à-vis la terre, le soleil et la lune ainsi que les effets des saisons sur nos vies quotidiennes.
Pour les peuples agricoles, l’idée maîtresse de ce cycle mythique est la production de nourriture découlant de l’interaction entre la Déesse et le Dieu. Il existe un rapport très étroit entre la nourriture, essentielle à notre existence, et les déités.
Dans son ouvrage « Le gène égoïste », Richard Dawkins, constate qu’avec l’arrivée de l’espèce humaine, ce ne sont plus les gènes qui cherchent à survivre, mais des éléments culturels, auxquels il donne le nom de mèmes. Ainsi, Jésus ou Bouddha sont des échecs cuisants du point de vue de la sélection génétique classique : ils n’ont pas su transmettre leur ADN à une descendance. En revanche, d’un point de vue mémétique, ils constituent une réussite remarquable : ils sont parvenus à refiler leurs mèmes à la moitié de la population mondiale.
Cette idée ne semble guère séduire les spécialistes de l’histoire des cultures, à l’exception toutefois de Pascal Boyer, anthropologue et auteur du livre « Et l’homme créa les dieux ». Pour lui, si certains thèmes religieux se propagent plus que d’autres, c’est essentiellement parce qu’ils frappent plus aisément la mémoire de leurs hôtes. Autrement dit, leur succès n’est pas dû au bénéfice qu’en retirent les humains qui les adoptent, mais simplement à leur facilité à se répliquer.
Les mèmes susceptibles de frapper les esprits sont ceux qui comportent une « violation des catégories cognitives », autrement dit l’association de deux concepts contradictoires, comme dans le cas des smart drugs. Boyer explique le phénomène ainsi. Notre cerveau, selon les chercheurs, comporterait des cases dans lesquelles sont inscrites, de manière innée, les principales catégories d’objets que nous sommes susceptibles de rencontrer au cours de notre existence. Chacun de ces modules contient également un ensemble de propriétés spécifiques. Par exemple, le concept d’animal possède les propriétés « cherche de la nourriture », « se déplace », « se reproduit », « meurt » qui ne s’appliquent pas à la notion de chose. Accorder à un objet appartenant à un module donné une propriété caractéristique d’un autre module frappe l’esprit et s’imprime dans la mémoire. Ainsi la violation cognitive de la Wicca nous apparaît a travers l’utilisation de la magie et dans certains préceptes comme ; « nous adorons ces figurines (déesse et dieux) parce qu’elles répondent à nos prières ». Cela correspond à une violation cognitive des catégories innées du cerveau : elle assigne à un ou plusieurs objets les pouvoirs d’un être vivant. Les premiers médias virus (les mèmes) seraient donc à l’origine des mythes et des religions de toutes les civilisations…
Depuis la préhistoire, il existe des hommes et des femmes capables de faire l’interface avec le côté le plus sauvage, le plus inhumain de notre psyché. Ces « maîtres du désordre », comme les appelle l’anthropologue Bertrand Hell, vivent en marge du groupe et s’avèrent souvent le dernier recours lorsque l’individu ou la communauté connaît une crise. Ces sorciers, ces chamans, ces magiciens, ne se confondent pas avec les prêtres qui sont au cœur de la société. Au contraire, ils se situent à sa frontière. Il en a toujours été ainsi. De fait, il y a de nombreuses raisons pour voir dans le magicien une figure post-humaine de ce siècle commençant. Seul le magicien du chaos prétend s’adapter au désordre fondamental, mieux : en tirer profit. Les manipulations que le méméticien fait subir au réseau, le magicien les applique à lui-même, car il n’ignore pas que sa propre conscience n’est autre qu’une collectivité émergente, une société de l’esprit fragmentée, un ensemble de modules en constante négociation. Il sait qu’il lui sera impossible d’agir sur le chaos du monde s’il ne comprend pas et n’accepte pas le chaos de sa conscience.
Comment des amoureux de la science en viennent-ils à s’intéresser à des fadaises occultistes ? Peut-être parce que le magicien est, lui aussi avant tout, un technicien. Il ne définit pas ses pratiques en fonction d’une quelconque transcendance, mais selon les résultats qu’elle permet d’obtenir. Le « plan astral » se retrouve aujourd’hui réincarné dans le cyberespace. Dans un article pour Wired, Erik Davis emploie pour la première fois le terme « techno païens » pour désigner ceux qui combinent délibérément les anciens rites sorciers à la technologie la plus moderne.
Durant les années 60, la Wicca et ses dérivés néo païens s’agglomèrent joyeusement à la contre-culture naissante. Déjà, la nostalgie agreste qui caractérise la Wicca se mâtine de science-fiction. Une éminente congrégation néo païenne de l’époque, « l’église de Tous les Mondes », doit son nom à un roman de Robert Heinlein (En terre étrangère).
Ainsi la Wicca, religion aux origines néo païennes à permis de construire le socle, solide, d’une croyance techno païenne qui accompagne aujourd’hui les êtres, de plus en plus technologique, vers un post-sapiens préparant l’avènement d’une Singularité ou triomphera la Créature.